SUNNY, like all of Emanuel’s work, is continuously evolving, changing and growing. The piece we premiered at the Venice Biennale in June 2016 surely looks very different from the piece we’re currently performing. The choreographic material, our set of rules and the framework in which we move stayed exactly the same but our choices and hence the result has changed.

When performing under specific circumstances, like we did at Cité de la Musique where we basically turned the theatre space into an arena with audience all around us, the effect of that constant process of adapting and rearranging is even more significant.

Have a look at two reviews published by dansercanalhistorique.fr below, one by Agnès Izrine from our show at Montpellier Danse 2016 and one by Thomas Hahn who talks about this very process after seeing SUNNY at Cité de la Musique in Paris.

Photos from our SUNNY shows at Cité de la Musique in Paris by Instagram and Twitter users @agathe_l_elu, @arnaudlambert, @awirleon, @bernardoiffer, @carellealex, @charlottesiepiora, @claaii, @emiliecoa, @farahkrm, @juliagatphotography, @kerhoazoc, @koichiro_ishiyama, @lebabyblue, @marinadetienne, @marionpoitrinal, @nadou1783, @nowadaysrecords, @pablo_pablo_pablo, @parisla_belle, @seguin_maelstaf, @soraphael, @sorinaitu, @titianhao and @traveler.universal

 

Agnès Izrine about SUNNY in Montpellier
Thomas Hahn about SUNNY in Paris

SUNNY D’EMANUEL GAT

Une création superbe d’Emanuel Gat, chorégraphe associé à Montpellier Danse et soutenu par la Fondation BNP-Paribas.

Dès qu’un personnage étrange sorte d’oiseau à fourure ou emblème totémique des jardins entre sur scène, on se dit qu’il y a du nouveau chez Emanuel Gat. Il sera bientôt rejoint par une bande en maillots de bain tandis qu’Awir Leon (alias François Przybylski, danseur chez Gat) compositeur présent sur le plateau, fait entendre Sunny, le tube de 1963. Loin des pièces précédentes, même si les danseurs improvisent selon des procédés dictés par Emanuel Gat, on sent moins la contrainte. La gestuelle est plus souple, plus individuelle et surtout plus intime.

Par contre, l’extraordinaire gestion de l’espace reste la griffe d’Emanuel Gat. La chorégraphie se déploie tel un organisme vivant qui ouvrirait toutes ses antennes. Avec un sens, au fond très cinématographique, de la distance juste entre les corps, ce sont ces rapprochements ou ces éloignements qui tissent toute la dramaturgie de la pièce, lui donnent sa couleur innimitable. Bien sûr, cela tient également au déroulement lui-même de la gestuelle, cette fois conçue en dehors de toute rythmique marquée. Le temps est celui que prennent les corps à se déplacer, seuls ou en groupe mais toujours en conservant ces “barricades mystérieuses” entre chacun des corps. Il faut dire que le théâtre de l’Agora est un cadre exceptionnel qui réhausse encore la chorégraphie du souffle du vent et d’une atmosphère à nulle autre pareille.

Pour le reste, on voit parfois apparaître des costumes qui semblent avoir été chippés chez Max Ernst pour leur côté radicalement étranges et surréalistes, des mouvements en ligne sur le front de la scène qui rappellent un peu la Batsheva, et à la fin, une chorégraphie joyeuse, d’une belle écriture, extrêmement originale dans son vocabulaire, brillante dans sa combinatoire, intelligente dans sa façon de mêler à une danse virtuose des gestes très quotidiens.

La musique électronique d’Awir Leon, sait comme la danse, se disséminer en d’infinies variations, qui parties de la chanson, en arrivent à une composition singulière qui retient l’attention et fait apparaître un monde sensible.

by Agnès Izrine
Originally published on dansercanalhistorique.fr

Review about SUNNY @ Montpellier Danse / Théâtre de l’Agora
25th June 2016

SUNNY D’EMANUEL GAT, TRANSFORMÉ PAR L’ESPACE SCÉNIQUE!

Ce n’était pas un nouveau spectacle, et pourtant ! A la Cité de la Musique, SUNNY d’Emanuel Gat s’est trouvé comme dans une arène. Avec un résultat étonnant.

La Philharmonie de Paris et le Théâtre de la Ville ont proposé à Emanuel Gat de présenter SUNNY, créé à Montpellier Danse en 2016, dans la salle quadri-frontale de la Cité de la Musique. Une belle idée, mais aussi un challenge particulier. On ne donne, et surtout, on ne reçoit pas une œuvre chorégraphique de la même façon, qu’on se trouve face à la scène ou que les danseurs sont entourés du public, comme dans une arène.

Vu du plateau, il faut alors trouver un équilibre, aussi précaire soit-il, dans l’adresse aux quatre côtés de la salle. Pour le public, en situation bi-, tri- ou quadri-frontale, il n’est plus possible de construire un rapport intime avec le spectacle.

Plus question de faire abstraction des autres spectateurs et d’entrer dans une relation personnelle avec ceux qui occupent le plateau. Les autres spectateurs sont là, en face, sur le côté. Pas anonymes comme dans un ring de boxe, un stade ou une arène, mais reconnaissables. On suit le spectacle, ensemble. On le partage, activement: Pour Sunny, on se trouva bien à la Cité de la Musique.

Ca change quoi? SUNNY illustre parfaitement la différence. Où un musicien-chanteur en maître de cérémonie et un chamane en costume fantaisiste, tel un cacatoès blanc surdimensionné, envoûtent une assemblée où l’on se séduit ou se prélasse, où on répète comme pour une cérémonie ou une danse à partager. Entre fête et entraînement, un code secret se propage et infuse.

En rapport frontal, et particulièrement à la création sous le ciel étoilé de Montpellier, le public assistait à un rite un brin mystérieux qui n’appartenait qu’à ses adeptes. Ils étaient dans leur espace intime et le public avait le droit, précieux et inattendu, d’y assister.

A la Cité de la Musique, danseurs et spectateurs partagèrent un espace commun, entièrement public, et même marqué, à un moment, par un carré rouge au sol, entourant le plateau et auquel répondirent des éclairages de fond du même rouge, illuminant les alcôves dans le dos des spectateurs, au niveau des corbeilles.

Le sens même des actions chorégraphiques s’en trouve profondément modifié. Ce n’est pas la même chose que de s’aligner côté cour en s’adressant à une instance invisible ou de se trouver face à face avec les spectateurs, de se trouver côté cour pour une partie de la salle, et côté jardin pour le public d’en face.

Au résultat, la structure même de la pièce s’est trouvée transformée, par un important travail d’adaptation scénographique et chorégraphique, jusqu’à modifier en profondeur le rapport danse-musique. D’autant plus que SUNNY est ici un véritable concert chorégraphique où Awir Leon salue le public et annonce, comme dans une soirée musicale: “Le prochain morceaux est…”

Le lien très direct entre les interprètes et leur public remplaça une grande partie du mystère initial, si bien qu’à la fin s’offre un espace permettant, en théorie, au public de rejoindre la compagnie pour danser ensemble. “Nous y avons songé”, confie Gat qui a pleinement réussi la mue de SUNNY.

Aussi Leon quitta plus encore le rôle du musicien qui accompagne la danse et ne resta plus niché dans un coin du plateau. Au bout d’une diagonale traversante, se trouva une réplique exacte de ses instruments. Leon contourna le plateau pour changer de côté, ou bien il traversa le plateau, saluant les danseurs, leur faisant des accolades et se mettant même à jouer de la guitare en leur milieu, en vrai maître de cérémonie. Et clairement, le fait de se trouver à la Cité de la Musique n’y fut pas pour rien.

von Thomas Hahn
Originally published on dansercanalhistorique.fr

Review about SUNNY @ Cité de la Musique / Programmed by Théâtre de la Ville & Philharmonie de Paris
25th March 2018

Header photo by Julia Gat